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Chez Thalochka et les autres...
20 avril 2008

Le chat miaulait...

Curieux, ce matin, je me suis réveillée non pas avec une chanson dans la tête mais avec le texte qui va suivre. C'est un texte d'une extrême violence. Il est extrait d'un livre que j'ai lu, il y a environ 4 ans. Ce passage m'avait  particulièrement bouleversé et j'avais beaucoup de mal à le lire. Je l'ai mis dans un coin de ma mémoire sans pouvoir l'oublier.

"Le chat miaulait de peur et crachait sous mes coups. Il s'était réfugié sous le canapé, dans le salon. C'était une fureur, une fièvre qui me prenait soudain lorsque j'étais seul à la maison l'après-midi. Je me vengeais de je ne sais quoi sur ce petit animal noir et blanc que nous avions caressé si tendrement lorsque nous étions petits. Je le frappais violemment au fond de sa cachette, avec un bâton ou n'importe quel instrument de cuisine afin de le déloger. Puis dans une course folle à travers l'appartement, je finissais toujours par le coincer, ce petit salaud. Je le prenais alors par la queue en lui prenant l'échine à tout rompre parce qu' il tentait de me griffer en se défendant, et le posais sur l'appui d'une fenêtre. Je le maintenais fermement et d'un geste lent, centimètres par centimètres pour qu'il sente bien le vide et est le plus peur possible, je le poussais du haut du premier étage. Pas dans l'herbe, non. Je choisissais les marches du rez-de-chaussée qui descendait dans le jardin quinze mètres plus bas, afin qu'il se brise que ce sac de poil et de sang se fasse le plus mal possible. J'entendais alors le bruit sourd des os sur les arêtes du ciment, il hurlait plus fort encore et se sauvait à toute vitesse en clopinant.

Je lui administrais de telles corrections qu'il faisait parfois sous lui de peur ou de douleur. Et toute cette merde et toute cette pisse décuplaient ma furie. En écumant, je lui mettais le nez dedans jusqu'à ce qu'il étouffe, je l'aplatissais, le cognait dans sa crotte jusqu'à ce que ses lèvres saignent. Tu vas voir petit bâtard, tu vas voir dégueulasse, je vais te faire bouffer tes saloperies. Allez mange, mange. Dés que je parvenais à le maîtriser et que je le tenais fermement par les pattes, j'essuyais le gros paquet de déjection avec sa petite tête tuméfiée. Il en avait partout et était encore plus répugnant. Parfois, je le jetais avec force au fond de la baignoire et le douchais à l'eau glacée ou brûlante avant de le balancer par la fenêtre.

Je sortais toujours de ces séances de torture les bras griffés, les mains en sang et plongé dans une profonde stupeur. Je me sentais alors affreusement coupable. J'aurais voulu prendre ce petit chat doucement dans mes bras, le caresser et le protéger comme la pauvre bête sans défense qu'il était. Mais chaque fois qu'en rentrant de l'école, il revenait se frotter, se frotter contre moi en ronronnant pour que je lui verse du lait dans sa soucoupe, chaque fois, chaque fois, ça recommençait. J'entrais dans une fureur qui n'avait pas de nom. Toute cette tendresse et son petit nez rose, tous ces miaulements de contentement, toutes ces manifestations d'amour étaient en vérité intéressés. Du lait, cette ordure voulait seulement du lait! Et je ne le supportais pas. ( Il faisait semblant de m'aimer pour mieux profiter de moi, oui, profiter de moi.)"

Extrait de "il m'aimait" de Christophe TISON

Voici le texte au dos du livre:

"je ne pouvais parler, je n'y avais même jamais pensé tellement tout cela était de ma faute, tellement j'étais compromis et depuis si longtemps. Et puis au fond je l'aimais bien, Didier. Depuis plusieurs années, je m'étais habitué à lui. A sa présence, à ses cadeaux, et à son amour des enfants"

Le narrateur est aujourd'hui un adulte. Pendant toutes ces années, il a caché -par honte, par impuissance, par culpabilité? - avoir été la victime d'un ami de la famille, Didier qui pratiqua sur lui des attouchements sexuels permanents jusqu'à l'adolescence. Mais tout n'est pas si simple. Et si la victime n'avait pas que du dégout pour son bourreau? Et si le pédophile aimait l'enfant qu'il abîme pour le reste de sa vie d'homme?

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